
L’Aïd est un moment sacré à célébrer en famille pour faire plaisir aux grands comme aux petits. C’est une occasion pour se réunir autour d’un repas familial où la bonne ambiance et la convivialité règnent. Cet événement sacré n’est plus célébré comme jadis par certaines familles et ce, pour plusieurs raisons: la cherté de la vie, la baisse du pouvoir d’achat… ont fait que certaines familles tunisiennes se trouvent aujourd’hui obligées de célébrer l’Aïd du sacrifice autrement pour se faire plaisir et se réunir autour d’un bon repas familial et limiter par la même occasion les dépenses excessives. Témoignages
La Presse — Une dizaine de jours nous séparent de l’Aïd el Kébir. Et pour célébrer comme il se doit cet événement, certains Tunisiens n’épargnent aucun effort pour mettre de l’argent de côté et pendant plusieurs mois dans le but de bien se préparer pour affronter les dépenses excessives de cette fête.
Najet, une sexagénaire à la retraite, ayant deux fils qui travaillent à l’étranger et vivant avec son mari, a pris l’habitude depuis quelques années d’épargner de l’argent pour pouvoir fêter l’Aïd et gérer ses dépenses. «Vu que je vis toute seule avec mon mari depuis que mes deux fils sont partis à l’étranger, je célèbre l’Aïd el Kébir avec le moins de dépenses possible. Pour ce faire, j’épargne chaque mois de l’argent qui me permettra de mieux célébrer l’Aïd. Nous nous contentons donc d’acheter un mouton dont le prix ne dépasse pas les 700 dinars afin de respecter le budget que nous avons consacré à la fête ainsi que notre pouvoir d’achat», précise Najet.
Et d’ajouter: «Les prix des moutons sont devenus inaccessibles pour les familles à revenus moyens ces dernières années. Ils peuvent atteindre les mille dinars, voire plus, sans oublier les autres dépenses qui sont nécessaires pour la célébration de cet événement».
Si pour Najet cette fête est célébrée ainsi, pour Faten, ce n’est pas pareil. En effet, la famille de Faten est composée de deux filles mariées et un fils qui se sont mis d’accord pour partager les dépenses de l’Aïd et de le célébrer chez elle, en famille. «Nous allons fêter l’Aïd en famille, mes deux filles et mon fils passeront l’Aïd chez moi. Pour les préparatifs, nous avons déjà fixé un budget de mille dinars pour l’achat du mouton et tout ce qui est nécessaire pour le reste des dépenses», déclare Faten.
Quant à Sinda, fonctionnaire, elle a pris la décision avec son mari cette année de passer la fête dans un hôtel. «Vu que mes deux enfants sont partis à l’étranger pour poursuivre leurs études et que les dépenses pour cette fête sont devenues trop élevées, nous avons décidé, moi et mon mari de passer un séjour de trois jours dans un hôtel» témoigne-t-elle. «Le prix du mouton dépasse les mille dinars, en plus je n’ai ni le temps ni la force pour me permettre de préparer ce festin, donc nous avons opté pour une meilleure façon de fêter tout de même l’Aïd, en séjournant à prix très raisonnable dans un hôtel à Hammamet», explique-t-elle.
Une fête célébrée autrement
Quant à Rahma, une femme au foyer avec deux enfants qui poursuivent encore leurs études à l’école, elle nous a déclaré qu’avec la cherté de la vie et la baisse du pouvoir d’achat du Tunisien depuis des années déjà, les familles ne peuvent plus se permettre de dépenser plus de mille dinars d’un seul coup pour célébrer cet événement. Par conséquent, elle se contentera juste de célébrer l’Aïd el Kébir avec la famille de sa belle-mère.
Les familles tunisiennes, se débrouillent comme elles peuvent pour ne pas manquer cet événement et faire plaisir aux enfants. Face à la cherté de la vie, certaines trouvent le moyen d’épargner de l’argent, d’autres optent pour le partage des dépenses en famille, alors que d’autres encore préfèrent célébrer l’Aïd dans la convivialité en s’offrant un séjour dans un hôtel ou dans une autre région de leur ville natale pour changer d’air, casser le rythme et avoir l’air de fêter tout de même un événement qui reste sacré.